La mobilité sociale apparaît plus souvent comme l'exception que comme la règle dans les débats sociologiques sur la stratification de la société préindustrielle d'Ancien Régime. En général, cette dernière est conçue à tort comme une société dont tous les membres sont attachés à des ordres rigides, tellement fermés sur les plans symbolique et matériel qu'on pourrait les assimiler à des castes, à des hiérarchies closes pesant de manière déterministe sur les individus.
Il est vrai qu'on s'est toujours intéressé à certaines formes de mobilité : la mobilité descendante qui transformait le propriétaire paysan en mendiant ou celle du noble qui tombait dans la ruine. Mais on a aussi insisté sur l'existence d'institutions qui protégeaient le statut social et la place des différents ordres, les préservant des effets des crises économiques. Parallèlement à la mobilité descendante, on a identifié des mouvements ascendants, en particulier ceux qui amenaient un renouvellement des élites.